fbpx

Centre Culturel René MagritteCentre Culturel René Magritte

Bientôt à Lessines : Tabarin ou le théâtre de la médecine

En 2021 et 2022, la médecine a rendez-vous avec le théâtre de tréteaux à Lessines, fief de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose et de traditions en matière de soins de santé.
Petits tréteaux
…et grands tréteaux pour créer un théâtre itinérant et repartir jouer de village en village

Un partenariat artistique s’est noué entre la compagnie Arts nomades et le Centre culturel René Magritte dans le but de monter un spectacle parlant de notre rapport à la médecine et s’inscrivant dans la lignée du théâtre de tréteaux et des comédies de Molière.

Cette création théâtrale, préparée dans les prochains mois, est destinée à être jouée en 2021 et 2022, d’abord à Lessines puis ailleurs.
Elle sera le porte-étendard d’une plus vaste opération culturelle valorisant le riche terreau lessinois en matière de soins de santé et s’étendant à différentes collaborations. Le sujet est d’ailleurs déjà exploité à travers des ateliers d’écriture dans les classes d’histoire (5e et 6e années secondaires) de l’Athénée royal René Magritte.

Ce projet, baptisé “Tabarin”, a été imaginé avant de savoir que la pandémie gouvernerait notre quotidien. L’ère Covid-19 n’a fait depuis que renforcer ce sentiment d’avoir choisi un focus pertinent, riche d’héritage et d’actualité, de racines locales et d’intérêt général.

Une étape importante vient d’être franchie : le projet a bénéficié de la reconnaissance de la Fédération Wallonie-Bruxelles, via le programme “Un futur pour la Culture” qui financera les premières étapes de sa création (résidences d’artistes, travail d’écriture, répétitions…) prévues ce printemps.

La compagnie vient quant à elle d’investir dans ses propres tréteaux en bois (ceux du théâtre de la Sonnette), en guise de tremplin à ce programme dont nous vous reparlerons.

La quête du remède miracle et de la guérison à tout prix est vieille comme l’humanité, comme l’est la peur de la maladie.

  Elle devint un motif particulier de la scène théâtrale aux XVIe et XVIIe siècles. C’est l’époque, outre du “Médecin malgré lui” ou du “Malade imaginaire”, des comédiens-charlatans.

Dans les spectacles de foire, très populaires, la représentation se mélange naturellement à la vente de potions et d’élixirs, à des opérations d’arrachage de dents et de lithotomie (trépanation)…

En termes de connaissances et d’avancées médicales, 2021 n’est bien sûr pas comparable au Grand siècle.
Mais bien que nous sommes censés être la génération la plus informée de l’histoire de l’humanité, nous avons l’impression que nous pouvons toujours, tels les badauds des charlatans, avaler n’importe quelle couleuvre.  Leurs promesses continuent de sonner à nos oreilles comme une alternative tentante aux limites ou rigueurs de la science.

Les comédiens d’Arts nomades ont décidé de se réemparer de la tradition des tréteaux et du théâtre de la médecine. Non pas pour vous vendre de la poudre de perlimpinpin.
Mais pour créer, en collaboration avec le CCRM,  un spectacle qui interroge les discours sur notre santé, dans un voyage à la frontière de l’info et de l’intox, dressant un pont du charlatanisme aux fake news, de la foire aux écrans…  

POURQUOI TABARIN, LESSINES, ARTS NOMADES…?
Note d’intention en quelques points clefs 

Le thérapeute de Rene Magritte (1898-1967, Belgium) | | WahooArt.com

Lessines Tradition de soins de santé 

Lessines n’est pas seulement l’entité sur laquelle se sont penchées les fées du surréalisme belge. La cité natale de René Magritte et Louis Scutenaire est aussi une terre dédiée aux soins de santé, fourmillant d’exemples épatants à différents niveaux.
L’acteur le plus visible de cette dynamique est aussi le plus ancien : debout depuis le XIIIe siècle, l’Hôpital notre-Dame à la Rose, un fleuron du patrimoine belge, est aujourd’hui actif au niveau européen comme musée des soins de santé, passant par son apothicairerie, ses salles des malades, son jardin de plantes et ses collections.
Surtout, la région reste imprégnée par la tradition des plantes médicinales, qui a marqué son passé. Cette spécialité se prolonge à travers l’activité de certaines distilleries ou d’herboristeries de référence, voire de recherches agronomiques (notons la Maison des plantes médicinales à Flobecq, à quelques champs de Lessines).

Sans oublier que la ville aimante sur son sol différents acteurs économiques, avec la présence d’entreprises médicales phares. 

Et pour boucler la boucle : une tradition de guérisseurs et de rebouteux immortalisée par Magritte, dans le motif du Thérapeute, celui qu’il consulta dans la région après s’être fait une entorse dans les carrières!

Autant de ressources qui seront mises en exergue dans l’opération culturelle se cristallisant autour du projet Tabarin.

Différents ateliers pour tous publics seront organisés jusqu’en 2022 pour que jeunes et moins jeunes, publics locaux et externes, puissent s’approprier des savoirs et savoir-faire en phase avec l’art du soin et le soin dans l’art (ateliers de récoltes de témoignages et de création de contes, de théâtre de tréteaux, d’art à partir de techniques végétales, etc.)

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est 1622-Tabarin-Visuel-Inventaire_universel_des_oeuvres_de_Tabarin_1622_-_Gallica_adjusted-559x1024.jpg.

Tabarin
ou l’ambiance du Pont-Neuf à Paris

Inconnu du grand public aujourd’hui, mais star de son époque : Tabarin est un comédien (farceur, bonimenteur, comédien dell’arte…) qui jouait, jusqu’au début du XVIIe siècle, au Pont-Neuf à Paris – haut lieu de vie foraine et commerçante – et qui a inspiré Molière. 

Tabarin représente le théâtre de tréteaux, mais aussi le monde des charlatans. Car l’acteur et son frère vendaient des remèdes dans la foulée de leurs shows. Après les préludes musicaux, l’interprétation de farces et de boniments, les frères vendaient au public des drogues patentées (la thériaque de Venise) tant que des panacées obscures. 

Malgré des détracteurs certains, le duo jouissait de l’affection du grand public et de l’intérêt des chalands instruits. Tabarin était-il dans le fond un médecin officiant comme comédien pour promouvoir ses “médicaments” ? Ou bien était-ce le contraire : un comédien qui pour gagner sa vie vendait aussi des drogues ?

La vraie question dans tout ça : et la santé des gens?


#VU, prix Maeterlinck (Critique théâtrale) du Meilleur spectacle jeune public .

Arts nomades
ou la contemporanéité du théâtre forain

La cie Arts Nomades, fondée en 2003 et basée à trois km à vol d’alouette du CCRM, bénéficie d’une légitimité dans le théâtre forain contemporain.
Son expertise s’est de plus enrichie d’autres disciplines (arts plastiques et numériques…).

Les artistes fondateurs, France Everard et Andreas Christou, connaissent l’entité natale de Magritte où ils ont animé des ateliers dans les écoles et créé des spectacles participatifs**.

Leurs récentes créations théâtrales abordent de surcroît ce même thème : l’éthique (du pouvoir) de l’information, dans une société sujette à la surcommunication.

Enfin, la cie a pour moteur de création l’”infusion du territoire” : la résidence sera tournée vers les Lessinois eux-même (même si le projet visera ensuite d’autres villes). Objectif : créer un spectacle fédérateur qui visitera les villages, et sera représenté l’été 2022, dans un programme alliant le CCRM et Notre-Dame à la Rose, mais aussi d’autres opérateurs locaux.

** Notons la création de la compagnie de “La Magie noire”, issue des ateliers de théâtre donnés par Andreas Christou et ayant présenté comme spectacles : “Ubu Roi en coulisses”, la balade contée Egmont (dans le parc Watterman)… et un “cocktail de Médecine”…

Thème intemporel

Tabarin vend du rêve, une guérison immédiate, un avenir meilleur. Au détriment total de la vérité, voire de la réalité.
Il pose la question de la santé et du commerce de la santé. Il amène la dialectique entre le verbe qui vulgarise le savoir et celui qui flatte l’ignorance. Mais aussi du combat entre l’espoir et la fin. Quand la mort se rappelle au malade, n’est-il pas humain de s’accrocher à tout prix au miracle ?

Avant la crise sanitaire, l’esprit critique semblait déjà se transformer en défiance généralisée.

Le spectacle proposera une lecture de ces mécanismes d’addiction à la simplification des discours. Fond et forme s’y unissent, amenant par le théâtre de tréteaux (chant, danse, lazzi) un sujet très contemporain et, selon la philosophe des sciences Isabelle Stengers, « l’apprentissage du faire sens en commun”.

Les nouvelles technologiques s’y intègrent comme outils narratifs ou d’interaction avec le public (séquences filmées, votes en ligne…), faisant le lien entre les boniments anciens et les fake news d’aujourd’hui.




Culture-Ecole

Le rapport de la médecine et du théâtre inspire depuis plusieurs années des projets artistiques soutenus par le CCRM dans les écoles. En voici un aperçu.

Projet Athénée “Tabarin” (porteur du projet : Arts nomades) 
Athénée René Magritte classes secondaires – 2020-2021
Cours Histoire : Mme Alexandra Leroy

“Malades imaginaires, Médecins imaginés”
Gaminerie 4e P  -2019-2020
Culture-Ecole avec Lucia Picaro

“Ceci n’est pas un spectacle… ”
Audacieux   2017–2018
Culture-Ecole avec Isabelle Beirens

“Jardin médicinal l’HNDR”- version pocket
Saint-Pierre 6e P  -2018–2019
Culture-Ecole avec Nicolas Viot

“Mieux vaut rire… que guérir”
 Bois-de-Lessines – 2016-2017
Culture-Ecole avec réseau artistes du CCRM